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Entrepreneur multi-casquettes : quelles étiquettes pour me définir ?

Je n’aime pas les étiquettes. Tu sais, ces mots qu’on colle sur le comportement ou (pire !) sur la personnalité de quelqu’un : timide, intelligent, exigeant, facile, méchant… C’est forcément réducteur.

Pourtant, je suis la première à en coller. Je suis même du genre à étiqueter tout ce qui bouge. J’ai besoin d’étiquettes pour catégoriser les choses que j’apprends, les gens que je rencontre et les expériences que je vis.

Tu veux un scoop ? Toi aussi.

Il paraît qu’on le fait tous. Ranger des événements et des expériences dans des cases est même le fonctionnement normal du cerveau humain. Comme le souligne David McRaney dans son livre You are not so smart, cela nous aide à réfléchir plus rapidement et à faire sens du monde qui nous entoure.

« Votre motivation pour cela est primitive. Vous avez besoin d’ordre. L’ordre fait qu’il est plus facile d’être une personne, de naviguer dans ce monde imprécis. »

Je ne peux donc pas vraiment m’en empêcher. Et toi non plus. Tout ce qu’on peut faire, finalement, c’est être au courant de nos tendances étiquetomaniaques et garder un oeil ouvert sur les dérives. (Comme par exemple les stéréotypes idiots qui peuvent freiner le développement de nos entreprises sans que l’on s’en rende compte.)

Et quitte à ce que tout le monde me range dans une case, autant essayer de choisir moi-même mes étiquettes.

Encore faut-il savoir lesquelles.

Quelle étiquette ?

Tour à tour, en fonction de mes différents rôles, passions, croyances et activités, je suis en effet :

  • fondatrice d’un blog mariage,
  • entrepreneur,
  • apprentie DRH,
  • auteur,
  • positive et optimiste,
  • consultante,
  • éditrice de sites internet,
  • blogueuse lifestyle,
  • addict aux réseaux sociaux,
  • maman de famille nombreuse,
  • aspirante jardinière,
  • experte webmarketing,
  • coach mariage,
  • community manager,
  • rédactrice en chef d’un blog sur l’éducation et la famille,
  • féministe,
  • cuisinière de produits frais et bios,
  • à la tête d’une agence web,
  • adepte de l’éducation non-violente,
  • passionnée de psychologie,
  • et je pourrais continuer cette liste avec plein d’autres qualificatifs de plus en plus précis et de plus en plus nombreux…

Alors quelles étiquettes choisir pour que les gens puissent plus rapidement me mettre dans les bonnes cases ?

Même si on supprime tout ce qui est personnel (ce qui en soi n’est déjà pas facile : est-ce que « féministe » est un trait personnel ou professionnel ? Et passionnée de psychologie ? Cela me sert souvent dans mon travail…), il reste une bonne douzaine de qualificatifs possibles.

Dans la vie de tous les jours, cela ne me pose pas de problème. En général, quand on me demande de me présenter (c’est à dire qu’on me pose la question « tu fais quoi dans la vie » ?), j’ai un interlocuteur bien précis en face de moi et je n’ai qu’à choisir les bonnes étiquettes dans la liste.

Quand je suis face aux lectrices de mon blog lifestyle, je suis « rédactrice en chef » ou « fondatrice ».

Quand je suis à un événement pour blogueuses mariage, je me positionne, sans surprise, comme « blogueuse mariage ».

Quand je parle à ma voisine, qui ne comprend pas toujours ce que je fais parce qu’elle a 74 ans et qu’internet est quelque chose d’assez nébuleux pour elle, je dis que je suis « éditrice » et que je crée un magazine papier (ça elle connait), mais sur internet.

Quand je m’adresse à quelqu’un dans une rencontre d’entrepreneurs, je m’étiquette comme « entrepreneur à la tête d’une agence web ».

Bref, j’adapte.

Mais lorsqu’il s’agit de trouver un titre pour mon site « carte de visite » (le trip égotique ultime : un site avec son nom comme nom de domaine et une grosse et belle photo de soi) ou mon profil LinkedIn, c’est plus compliqué. Il a fallu trouver des qualitificatifs assez passe-partout et qui colleraient à mes différentes activités.

Après réflexion, j’ai choisi « Entrepreneur, éditrice de sites et auteur » parce que c’est ce qui m’enferme le moins. Mais pour une femme comme moi qui aime vibrillonner un peu partout, dans plusieurs domaines, n’importe quelle étiquette est un carcan.

Qui veut dire quoi ?

Le deuxième problème, c’est que tout le monde ne met pas toujours la même chose sous une même étiquette.

Prenons le mot « féministe », par exemple.

J’ai une amie, apellons-la Z. C’est une femme déterminée, qui parle quand elle en a envie, porte ce qu’elle veut, monte son entreprise avec ambition, trouve évident que son mari fasse la vaisselle et imagine qu’il prendra naturellement sa juste part dans l’éducation de leurs enfants. Tout ça en assumant aussi complètement son côté girly, maquillage perfectionné et Louboutins hors de prix compris. Bref, si je devais prendre une femme en exemple du féminisme moderne et décomplexé, ce serait elle.

Alors forcément, quand un jour, elle m’a affirmée qu’elle n’était pas féministe, j’étais très étonnée !

Après discussion, il s’avère que quand Z. entend le mot féministe, elle pense à ces femmes poilues des années 70 qui brulaient leurs soutiens-gorges en militant pour qu’un jour l’insémination artificielle devienne la norme et qu’on aie enfin plus JAMAIS besoin des hommes.

Alors évidemment, dans sa tête, elle est tout sauf féministe ! Et apparemment, elle n’est pas la seule personne à avoir des associations dommageables avec ce mot.

Maintenant, multiplions cela avec les jugements éclairs qu’on fait sur internet. Sur Twitter, par exemple, où en lisant 140 petits caractères truffés d’étiquettes, je vais avoir envie de te suivre, ou pas. Avoir confiance, ou pas. Avoir envie de te lire, ou pas.

Pas étonnant que j’aie hésité à me définir comme « féministe » sur mon profil twitter. Comment indiquer que je me considère féministe simplement parce que je suis pour l’égalité entre hommes et femmes… et rien d’autre ? J’ai joué avec l’idée de mettre plutôt « ambitieuse pour les femmes » ou « féministe à talons » comme j’ai vu d’autres le faire. Au final, j’ai choisi de ne pas utiliser ce qualificatif du tout, pour (tenter d’) éviter les projections négatives qui pourraient en résulter.

C’est d’ailleurs aussi pour ces mêmes raisons que j’ai adopté le qualificatif « entrepreneur » plutôt que « entrepreneure » ou « entrepreneuse« .

Est-ce que je suis satisfaite de ces décisions ? Pas pleinement, non. Je me sens même parfois un peu lâche, pour tout te dire. Après tout, il faut bien que des gens recommencent à utiliser des mots tels que « féministe » pour qu’on y entende moins de radicalité et plus d’égalité. Et il faut bien qu’on emploie plus souvent des mots comme « entrepreneuse » dans des contextes professionnels pour qu’on y entende autre chose qu’une troublante connotation sexuelle.

Mais pour le moment, je me satisfais de ces étiquettes, grosso modo, et à défaut de mieux.

Et toi ? Du mal à te définir ? Tu aimes les étiquettes ou tu les rejettes ? Comment tu gères ça dans ta vie d’entrepreneur ? Raconte !

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