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Chance ou travail, quelle est l’origine de ma réussite ?

Il y a quelques jours, discussion avec une entrepreneur, qui me raconte à quel point son activité fonctionne bien.

– Oh c’est super ! lui réponds-je automatiquement. Tu as de la chance, c’est un secteur très difficile. J’en connais plein dans ce secteur qui ont beaucoup de mal !

Ce à quoi elle me répond : « Rien à voir avec la chance. C’est surtout beaucoup de travail. »

Tiens, quelle étonnante manière de voir les choses ! Tellement à l’opposée de la mienne !

Comme souvent quand je rencontre une pensée divergente, cela me fait réfléchir. Je me retrouve à me poser des questions que je ne me serais pas posée autrement. Est-ce que ma réussite est due à la chance ou à mon travail ? Est-ce qu’attribuer mes réussites à la chance m’empêche de me les attribuer à moi et d’avoir l’impression de les mériter ? Est-ce que c’est en lien, peut-être, avec le manque de légitimité que je ressens parfois ?

Bref, c’est l’occasion pour moi de faire un point sur mes croyances et de vérifier si je veux les garder telles quelles ou en changer.

Au quotidien, je ressens toujours à fleur de peau une énorme gratitude pour la chance que j’ai. Quand quelqu’un me félicite sur mon entreprise ou mon parcours, je réponds souvent quelque chose du style « Merci, oui, j’ai beaucoup de chance. »

Et quand je fais l’inventaire de tout ce pour quoi je peux remercier la vie, la liste est longue !

  • Être née en France au 20ème siècle où en tant que femme, j’ai le droit d’avoir des aspirations professionnelles et de les réaliser.
  • Avoir des parents qui m’ont toujours poussée pour que je réussisse, à l’école et ailleurs, et qui avaient les moyens de le faire, intellectuels et financiers.
  • Être mariée à un homme qui non seulement me soutient dans mes projets et prend sa juste part dans l’éducation de nos enfants, mais dont en plus l’activité professionnelle complète la mienne.
  • Être intelligente, plutôt jolie, savoir bien écrire, bien parler.
  • Être en bonne santé ; avoir des enfants et un mari en bonne santé.

Je pourrais continuer cette liste très longtemps. A chaque fois que j’entends parler du malheur de quelqu’un, c’est l’occasion pour moi de voir à quel point j’ai de la chance de ne pas avoir ce problème-là. Et d’allonger la liste.

Je suis intimement persuadée que toute cette chance est essentielle à ma réussite. Quelle est fondatrice. Et je suis parfaitement consciente que tout cela m’est tombé tout cuit, comme on dit.

Certes, on pourrait me rétorquer que j’ai choisi mon mari, par exemple. (Ce qui est vrai, bien sûr. J’ai la chance d’avoir le droit de choisir mon conjoint, je pourrais rajouter ça à la liste !) Mais je ne l’ai certainement pas choisi parce qu’il sait faire des sites internet alors que cela a évidemment joué un rôle dans le succès de mes sites ! (J’avoue, c’est pratique ! C’est une vraie chance !)

Bien sûr, je travaille. Je travaille même beaucoup. Je ne suis pas assise sur mon canapé toute la journée à attendre que la chance me sourie. Mais la plupart du temps, je n’ai pas l’impression de travailler. J’ai la chance (oui encore elle) de faire quelque chose qui me plaît tellement que travailler me semble amusant 90% du temps.

Et bien sûr, il y des choses qui me semblent difficiles sur le moment, des projets qui n’avancent pas, des problèmes relationnels avec des gens, des moments de doute, des échecs. Mais une fois traversées, je suis prompte à ranger ces difficultés dans la case « chance ». Chance d’y avoir survécu, chance d’en avoir tiré des leçons, chance d’en sortir plus forte… Après tout, cela aurait pu être pire !

Seule ombre au tableau, cet état d’esprit m’apporte parfois, dans les moments les plus sombres, un sentiment d’insécurité. Si je dois mes réussites à la chance, que se passera-t-il si un jour ma chance tourne ? Si tout à coup ma santé me lâche, un de mes enfants meurt, ma maison prend feu, mon mari devient psychotique… La liste est aussi longue de toutes les malchances qui pourraient m’arriver. (D’ailleurs, il m’est presque aussi facile de prendre conscience de la chance que j’ai que d’imaginer les horreurs dont je pourrais écoper par malchance ! Ce n’est que le même mécanisme utilisé à revers !)

Dans ces moments-là, j’essaie de me souvenir des nombreuses études qui montrent que la chance n’est pas uniquement le fruit du hasard. Que si on a cherche la chance, on a plus de chance d’en trouver. Que la chance est aussi un état d’esprit.

Un état d’esprit que j’aime.

C’est positif et léger. Cela m’apporte beaucoup de bonheur au quotidien en me permettant de me focaliser sur le beau et le bon dans ma vie, au lieu de rester coincée sur ce qui ne va pas.

Cela me donne aussi l’impression que je dois « mériter ». Que toute cette chance ne doit pas être gaspillée sur moi. Qu’il m’appartient d’en faire quelque chose de bien. De bon.

Cela me tire vers le haut. C’est un moteur puissant.

Au final, puisque je fais ce qu’il faut pour mériter la chance que j’ai, cela me permet aussi d’avoir l’impression de mériter mes réussites. J’ai beaucoup de chance, certes, mais je ne l’utilise pas n’importe comment. C’est une source de fierté pour moi.

Bref, un bilan positif ! Décidément, cet état d’esprit me convient. Je garde !

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